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Humour : le chaînon manquant dans la voie hiérarchique par Louise LeBrun
Pour plusieurs d’entre nous, le milieu de travail est devenu un endroit où le sérieux occupe la plus grande place. Et pourtant notre première démarche est souvent empreinte d’humour! Pourquoi celui-ci nous rend-il la vie plus facile? Pour quelle raison un événement nous semble-t-il drôle une journée et insignifiant le lendemain? Quel lien y-a-t-il entre l’humour et la santé, la vitalité et l’aptitude à poursuivre sa route? Et l’essentiel : êtes-vous capable de répertorier – dès maintenant – les moments de votre existence qui vous font rire à gorge déployée!?
On nous a appris que, au travail, il fallait se servir de notre « tête », de nos facultés intellectuelles, ainsi que de notre capacité d’analyser et de raisonner. Pour y réussir, nous devons fréquemment mettre de côté ce que nous éprouvons, nos sentiments, notre intuition. Nous refoulons les signaux que nous envoie notre corps pour être capables de faire des choix raisonnables, logiques et rationnels fondés sur notre analyse.
Pour y arriver efficacement, nous devons délaisser nos sentiments. Ce qui signifie que nous devons faire fi des serrements dans l’estomac, des battements de cur dans la poitrine, de la constriction de la gorge ou du martèlement dans les oreilles. Nous devons apprendre à nous détacher de notre corps, à nous concentrer entièrement sur notre intellect, et à nous rappeler que l’analyse est la voie à emprunter vers une existence efficace. C’est du moins ce qu’on nous a enseigné.
De nos jours, toutefois, les choses évoluent rapidement grâce aux progrès de la science. Puisque nous nous éloignons de la perspective allopathe traditionnelle pour entrer dans une vision du monde biologique et quantique, les fondations de la terre commencent à bouger et à osciller, puis nous laissent une sensation comparable à celle d’un tremblement de terre. Les éléments que l’on considère solides, réels et à la base de notre existence depuis des décennies sont en train de se fondre dans le mouvement et de se déplacer.
Mais quel est donc le rapport avec le travail et l’humour? La réponse a plusieurs volets! Tout est relatif à notre histoire en tant qu’êtres humains, à notre façon de traiter l’information et de prendre des décisions, au fonctionnement de notre système nerveux central et à la façon dont, en un clin d’il, notre corps véhicule de grandes quantités de renseignements qui se répercutent dans notre discernement, notre intuition ou nos certitudes. Comprendre cette nouvelle science équivaut à saisir le savoir-faire et la façon de s’exprimer de l’être humain. Et puisque le milieu de travail ne favorise rien de moins que les interactions mutuelles, oublier notre scénario relatif à cette expérience pourrait constituer l’écart entre deux situations de ce même milieu de travail : celle de l’activité et celle de la passivité.
Et cette situation inclut l’humour. Qu’est-ce que l’humour, en passant? Pensez à la dernière fois où vous avez ri. Pourquoi une personne rit-elle aux éclats et une autre demeure-t-elle passive, songeuse et contrariée? Qu’est-ce qui détermine qu’on doive rire ou pleurer? Certainement pas notre intelligence, car nous avons tous un jour essayé de raconter une blague à quelqu’un qui est demeuré tout aussi songeur.
L’humour émerge (ou non!) du corps. Lorsque le rire passe de votre abdomen à votre gorge, et qu’il entraîne un son susceptible de calmer les esprits dans une salle de conférence, que se passe-t-il donc vraiment en vous? Pensez à la dernière fois où vous avez ri aux larmes. Vous souvenez-vous de la sensation éprouvée? Rappelez-vous la contraction de vos muscles, le déplacement de votre corps et la façon toute nouvelle de vous présenter? Un rire franc n’a rien d’intellectuel!
Nos milieux de travail sont devenus moins sécuritaires au fil du temps pour les gens qui y uvrent, et ce, particulièrement à cause de notre création continue de systèmes organisationnels qui se fondent sur le modèle parent-enfant; ainsi, nous nous retrouvons souvent aux prises avec des rapports professionnels hiérarchiques dont l’aspect nous est très familial. Le patron me rappelle mon père ou ma mère, l’expérience que véhicule une certaine autorité me rappelle un autre endroit ou un autre moment – et notre corps réagit à ces situations.
L’humour est nettement absent de la voie hiérarchique. Rien de nouveau sous le soleil, puisque la plupart d’entre nous avons évolué dans des milieux au sein desquels nos parents, nos professeurs ou nos chefs religieux n’accordaient pas une grande place à l’humour, au moment d’établir les règles qui allaient ultérieurement nous définir. Puisque de tels systèmes nous ont formés, pourquoi le travail serait-il différent, car il s’agit après tout d’un endroit où nous nous rendons tous pour démontrer l’ensemble de nos apprentissages selon les anciens modèles parent-enfant inculqués à la maison, à l’école et à l’église. Sans faire consciemment d’effort pour évoluer différemment, notre habituation serait de répéter simplement nos expériences.
Si nous voulons créer des milieux de travail qui appuient et soutiennent l’existence, nous devons d’abord reconnaître son origine dans notre corps. (Si vous êtes sceptique, essayez de mettre à profit votre intellect indépendamment de votre corps!) Le mot humour est un terme abrégé qui décrit l’expérience d’un type différent de mouvement du corps. Mais tout est relatif à ce dernier. Vous désirez savoir concrètement si votre milieu de travail appuie (ou non) la vie? Soyez d’abord attentif au genre d’humour – ou au manque d’humour – qui s’infiltre dans votre milieu de travail. Les choses sont-elles simples et légères? Ou votre humour est-il sombre, souvent employé avec dédain à l’endroit de quelqu’un ou de quelque chose? Est-il acerbe et cynique? Il y a fort à parier que les gens qui expriment et qui vivent ce genre d’humour ressentent la tension qui l’accompagne : serrement, blocage, sensation d’un besoin d’attaquer et/ou de se protéger. Il est difficile d’augmenter la créativité et l’innovation dans des milieux fermés et reclus.
Et n’affirmions-nous pas désirer la créativité et l’innovation? Ces deux termes ne sont-ils pas synonymes d’une voie vers la productivité accrue? Après tout, la créativité est le fait d’inventer une chose qui n’existe pas. Vous ne la trouverez pas dans la réglementation, car les règlements existent déjà.
Nous savons que la créativité et l’innovation ne découlent pas du processus intellectuel. Elles ne sont ni linéaires ni structurées; elles connaissent des secousses et des vagues, un peu de la même manière que le corps véhicule le rire. Pour qu’il y ait de l’humour au travail, il doit y avoir un sentiment de sécurité et d’acceptation : il est bon d’exprimer notre opinion, d’émettre des commentaires qui vont à l’encontre du statu quo, de remettre en question le dogme et de contester la réglementation, en plus d’affirmer que tout ne se résume pas à l’autorité et que la création, la contribution et le fait de changer les choses ont aussi leur place.
À cause de notre structure continue d’entreprises qui se fondent sur le modèle parent-enfant, ses retombées naturelles constituent une préoccupation quant à la notion de contrôle. Dans nos systèmes familiaux, les responsables étaient les parents, pas les enfants. Au travail, le superviseur (le parent) est responsable et l’employé (l’enfant) ne l’est pas. Si l’employé doute de l’opinion du superviseur ou de la direction que celui-ci emprunte, cette situation est similaire à celle de l’enfant qui défie le droit de contrôle du parent. Il est tout de même curieux de se rendre compte aujourd’hui que, même dans le système familial, on voit s’écrouler le modèle d’expression et d’interaction. Les commandements et le contrôle ne sont plus le mot d’ordre. Les jeunes évoluent et deviennent souvent beaucoup plus scolarisés et mieux informés que leurs parents.
Si nous pouvons admettre que cette situation est vécue aussi en milieu de travail, nous pourrons changer la façon de faire des affaires. S’il nous est possible d’éloigner nos chefs d’entreprise du modèle de commandement et de contrôle, nous pourrons alors respirer un peu mieux dans nos milieux de travail. Une conversation sur les règlements et sur le dogme ne constitue qu’un simple échange. Il ne s’agit pas nécessairement d’un affront susceptible de compromettre la survie de l’entreprise.
Si nous voulons créer des milieux de travail qui appuient et soutiennent l’existence, commencons par créer des liens d’amitié selon ce que nous ressentons au fond de nous. Qu’est-ce qui provoque le rire chez vous? Ou quand cessez-vous de rire? Votre effort à faire de l’humour est-il ouvert et englobant, ou se fait-il derrière des portes closes avec une bonne dose de dédain à l’égard de vos collègues? Soyez attentif aux signaux que vous envoie votre corps, comme lorsque vous éprouvez un serrement dans l’estomac et que vos lèvres forment une ligne tendue et droite. Soyez attentif lorsque vous retenez votre souffle et que vous refoulez des sons pressés de sortir. Remarquez surtout jusqu’à quel point les situations qui vous embarrassent au travail et/ou les gens qui vous mettent mal à l’aise et qui vous subtilisent votre droit au bien-être, au confort, à l’ouverture et à l’humour comportent souvent un aspect très familial. Réfléchissez et trouvez une similitude entre vos réactions internes et externes, puis remarquez à quelle fréquence vos anciens modèles et vos anciennes habitudes trouvent une façon de ressurgir.
L’humour est le chaînon manquant dans la voie hiérarchique. Ramener l’humour en milieu de travail impliquerait son retour dans nos vies personnelles. Ramener la capacité de rire aux éclats et de relaxer par secousses et par vagues en milieu de travail exigerait l’abandon de notre puissant besoin de prévisibilité et de contrôle et le désir de faire une place à l’incertitude qui précède nos plus grandes découvertes. Comme l’a dit un jour Ilya Prigogine, « l’avenir est incertain… mais cette incertitude est directement au cur de la créativité humaine ».
Lorsque nous étions très jeunes, peu de choix s’offraient à nous. Si vous avez cinq ans et vivez dans un milieu qui ne soutient guère l’existence, il vous sera tout simplement impossible de trouver un emploi et un appartement et de quitter la ville. Vous serez prisonnier de votre environnement. Mais, à l’âge de 25 ans, les règles changent. Il vous est dès lors possible de vous déplacer et de vous diriger où votre esprit vous stimule à le faire. Et cette situation n’est-elle pas précisément celle que nous vivons aujourd’hui?
Dans les milieux actuels, le facteur monétaire n’est pas le seul à retenir les gens au travail. Les entreprises sont de plus en plus obligées d’offrir des conditions et des contextes en milieu de travail, qui appuient l’existence en général : pas seulement dans l’environnement de travail, mais aussi en matière de bien-être personnel et de qualité de vie. Les employés sont de mieux en mieux informés de leurs obligations; et nos anciennes méthodes de faire des affaires sont en train de disparaître au profit de la reconnaissance de la contribution en tant qu’élément essentiel; il vous est en outre possible de participer et de vous amuser en même temps! Nous sommes en train d’apprendre que nous n’avons pas besoin d’agir sérieusement pour effectuer un travail sérieux. Ce dernier pourrait être perçu comme un jeu qui deviendrait extrêmement productif.
Les enfants ont grandi!
Étapes pour ramener l’humour dans la voie hiérarchique :
1. Être moins strict! Les cadres/gestionnaires/superviseurs qui réussissent actuellement sont ceux qui admettent leur rôle de modérateur et non de contrôleur. Les gestionnaires assurent la gestion des environnements; les gens assurent leur propre gestion.
2.Lors de la prochaine réunion du personnel, demandez aux gens du genre « comment trouvez-vous votre milieu de travail? », « comment vous sentez-vous le lundi matin lorsque vous vous levez et que vous savez qu’il est temps de retourner travailler? ». Par la suite, écoutez, non seulement avec vos oreilles, mais avec votre cur, votre âme et votre esprit. Respirez profondément et choisissez de garder votre corps dans une attitude réceptive et détendue.
3.C’est parfois tout ce qui est nécessaire. Être à l’écoute des commentaires à divers niveaux demeure fréquemment le chaînon manquant pour améliorer le milieu de travail. Notre expérience de travail dans des systèmes organisationnels nous a maintes fois prouvé que les gens ne se sentent ni vus ni entendus, invisibles et ignorés. La plupart d’entre nous ne désirons qu’une seule chose en vérité : avoir un sentiment d’appartenance, avoir l’impression que notre présence au travail est importante et avoir l’impression que quelqu’un remarque nos absences, le cas échéant.
4.Relevez les situations au travail qui vous rendent fou et indiquez dans quels autres aspects de votre vie ces situations se répètent. La prochaine fois que vous vivrez de la frustration, prenez de grandes respirations et laissez ce sentiment monter en vous plutôt que de le refouler : comme les secousses et les vagues du corps. La science nous révèle maintenant que la véritable définition d’une émotion ou d’un sentiment est en fait une migration d’information et d’énergie à l’intérieur du corps, un transfert d’information et de renseignements par le biais d’impulsions biochimiques et électrochimiques. Ce transfert constitue un signe de vie.
5.Le rire est un signe de vie. Quel genre de signal envoyez-vous à votre entourage?
Source : Louise LeBrun, publication dans Internet. Pour de plus amples renseignements, visitez le site www.wel-systems.com (Réseau B)
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